Bachelard, La terre ou les rêveries de la volonté

Le rêve est un monde de possibles qui, dès le réveil, peut se réaliser. Nous l’apprenons dans cet essai, devenu un classique, de Bachelard.

 

Le rêve anime notre volonté, la stimule et permet de se dépasser soi-même, d’aller aux devants de ses propres capacités, de rendre ses potentialités effectives. Dans un style poétique maîtrisé et avec une rigueur propre à l’esprit scientifique, Gaston Bachelard s’affranchit des domaines de prédilection des sciences dures comme de ceux de la philosophie classique pour exprimer sa propre philosophie, subtile, originale et exaltée. Contre les tenants de la psychologie et du rationalisme, il pense que les rêves ne sont pas des débris de vécus antérieurs, mais bien plutôt la force qui, s’exerçant sur notre volonté, conditionnera notre vécu ultérieur et notre perception.

Cet apprenti potier met la main à la pâte, mais la matière n’est pas sublimée par son tact. Il s’endort et rêve de l’argile mou sous ses doigts, il le pétrit, sent la matière de déformer, puis la modèle, la terre perd alors son aspect informe pour acquérir une forme déterminée : la ressource première devient ouvrage d’artiste. Au réveil, le jeune rêveur poursuit ses songes, il n’aspire qu’à les réaliser. Il reproduit ce que le rêve a inculqué à sa volonté alerte, il ressent la matière comme il l’avait ressentie dans son rêve : l’imagination matérielle devient créatrice. Jamais l’apprenti n’avait effectué d’ouvrage si beau.

À l’instar de ce jeune rêveur, donnons chair à nos possibles. Lisons, toujours et encore, pour enrichir notre imaginaire et affermir notre volonté, pour dompter l’onirisme évanescent de nos nuits et lui conférer la résistance du réel.

Fanny Bousquet

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